A UNE JEUNE FILLE

A UNE JEUNE FILLE.
Pourquoi te plaindre,tendre fille? Tes jours
n'appartiennent-ils pas à la première jeunesse?
                                        Daino lithuanien.

Vous qui ne savez pas combien l'enfance est belle,
Enfant! n'enviez point notre âge de douleur,
Où le cœur tour à tour est esclave et rebelle,
Où le rire est souvent plus triste que vos pleurs.

Votre âge insouciant est si doux qu'on l'oublie!
Il passe, comme un souffle au vaste champ des airs.
Comme une voix joyeuse en fuyant affaiblie,
Comme un aleyon sur les mers.

Oh! ne vous hâtez point de mûrir vos pensées!
Jouissez du matin, jouissez du printemps;
Vos heures sont des fleurs l'une à l'autre enlacées
Ne les effeuillez pas plus vite que le temps.

Laissez venir les ans! Le destin vous dévoue,
Comme nous, aux regrets, à la fausse amitié,
A ces maux sans espoir que l'orgueil désavoue,
A ces plaisirs qui font pitié!

Riez pourtant! du sort ignorez la puissance;
Riez! n'attristez pas votre front gracieux,
Votre œil d'azur, miroir de paix et d'innocence,
Qui révèle votre âme et réfléchit les cieux!

Victor Hugo février 1825
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