LA JEUNE LOCRIENNE

LA JEUNE LOCRIENNE.
"Fuis,ne me livre point.Pars avant son retour;
"Fuis,ne me livre point.Pars avant son retour;
"Lève-toi,pars,adieu; qu'il n'entre,et que ta vue
"Ne cause un grand malheur; et je serais perdue!
"Tiens, regarde,adieu,pars:ne vois-tu pas le jour?"
Nous aimions sa naïve et riante folie,
Quand soudain,se levant,un sage d'Italie,
Maigre,pâle,pensif,qui n'avait point parlé,
Pieds nus,la barbe noire,un spectateur zélé
Du muet de Samos qu'admire Métaponte,
Dit:"Locriens perdus,n'avez-vous pas de honte?
Des m?urs saintes jadis furent votre trésor.
Vos vierges, aujourd'hui riches de pourpre et d'or,
Ouvrent leur jeune bouche à des chants adultères.
Hélas! qu'avez-vous fait des maximes austères
De ce berger sacré que Minerve autrefois
Daignais former en songe à vous donner des lois?"
Disant ces mots,il sort... Elle était interdite,
Son ?il noir s'est mouillé d'une larme subite;
Nous l'avons consolée,et ses ris ingénus,
Ses chansons, sa gaîté, sont bientôt revenus.
Un jeune Thurien aussi beau qu'elle est belle
(son nom m'est inconnu) sortit presque avec elle;
Je crois Pythagore et son grave écolier.

André chénier

 
Créaction site web
Créer site internet gratuit | Créer site perso | Admin
Partenaires du site :