Pape du surréalisme,mouvement littéraire et artistique, André Breton a profondément modifié notre vision du monde et de la réalité. Ce poète révolutionnaire demeure encore aujourd'hui celui qui a voulu "changer la vie",redonner sa place à l'imaginaire et au rêve,être un éveilleur de l'inconscient.
Né dans l'Orne,le médecin André Breton est mobilisé pendant la Grande Guerre dans un centre neuropsychiatrique. Il s'enthousiasme aussitôt pour les travaux de Freud.Ce qui le frappe chez le psychanalyste autrichien, c'est la nécessité d'aller au-delà de la conscience pour trouver la vérité de notre être.Il veut appliquer cette intuition à la création littéraire. Cette révélation conduit Breton à rompre avec le dadaïsme et à fonder le surréalisme.
Désormais,pour appartenir à ce cercle mystérieux, il faut s'émanciper des contraintes de la conscience pour remonter à la source du rêve,dans un monde imaginaire inexploré.Puis, en l'absence de tout contrôle de la raison, écrire automatiquement cette matière brute,chaotique,venue du tréfonds de l'inconscient.
Le Manifeste du surréalisme (1924), instrument privilégié de cette connaissance de l'imaginaire, devient la bible de tous ceux qui s'opposent à l'empire de la raison et à la banalité du quotidien. Les adhésions au mouvement se multiplient:Aragon,Elluard,Desnos,Duchamp,Max Ernest,Miro ,Man Ray...
Dans les années 20, Breton place le surréalisme sous le signe de la révolution.Il s'inscrit au parti communiste en 1927 et se prononce pour un "art révolutionnaire" qui transforme le monde.En vérité,il s'agit plus d'une révolte contre tout ce qui entrave la liberté,qui empêche la création:l'État, la patrie, la famille, la religion,la littérature traditionnelle, la prose classique...Une révolte qui peut prendre une forme plus brutale encore:" L'acte surréaliste le plus simple consiste, révolver au poing,à descendre dans la rue et à tirer au hasard,tant qu'on peut,dans la foule." Révolté,Breton l'est aussi politiquement lorqu'il prend position contre les guerres d'Algérie (il signe le Manifeste des 121 contre la torture) et du Vietnam.
Avec son plus beau roman,
Nadja (1928), André Breton transforme le récit.Il raconte sa rencontre fortuite avec une étrange femme qui l'incite à voir au-delà de la banalité du quotidien, et le guide vers l'amour et la beauté.
L'Amour fou (1937) et Ariane 17 (1944) confirment qu'André Breton est un monument de la littérature française. Mais qu'en reste-t-il au juste dans l'imaginaire collectif, en dehors de quelques "cadavres exquis" qui viennent animer nos soirées?