S'il n'y avait qu'un film à retenir de Federico Fellini?
La Dolce Vita bien entendu. Une scène? Le souvenir de la voluptueuse Anita Ekberg prenant un bain sous une cascade. Maître absolu de l'image, Fellini a doté le cinéma italien d'une expression nouvelle et totale.
Inspiré parles courants du néoréalisme,Fellini, à l'origine dessinateur, va trouver dans le cinéma sa "voie royale". Il ne crée pas un style,il impose un univers.Ses films, pour la plupart, traduisent des faits autobiographiques ou rêvés (
Feux du music-hall, 1951). Tout habité qu'il est de sa Rome natale, Fellini porte à l'écran ses amertumes,ses souvenirs et ses fantasmes souvent contradictoires: la femme, mère et amante,l'homme,cynique et tendre. Véritable exportateur de la détresse humaine,Fellini laisse une part importante au salut chrétien.Dans
La Strada (1954), il nous conte l'amour douloureux d'une femme pour un violent et grossier personnage. Viendront en 1955
il Bidone et les Nuits de Cabiria (1957)
Naïve et tendre,ridiculisée ou trahie,mère ou femme-enfant,la femme est au centre de l'univers fellinien. Son épouse Giulietta Masina est du reste son égérie.Elle joue dans de nombreux films dont la
Strada où elle incarne Gelsomina et dans
Juliette des esprits (1965).
La Dolce Vita (1960) porte à son paroxysme le jugement aigu de Fellini sur son époque.Le héros interprété par Mastroiani est,sans conteste, le double du cinéaste.Il est question d'un journaliste, désabusé,témoin de la jeunesse romaine décadente emplie de luxe et de privilèges. Anita Ekberg,son actrice fétiche, y est inoubliable de sensualité et de grâce. Ce film, qui obtient la Palme d'or au festival de Cannes (1960), rencontre un énorme succès.
Puissant créateur et artisan d'un univers à la fois onirique et réel,Fellini poursuit dans
Huit et demi (1963)sa quête initiatique. Jugé visionnaire par la critique,ce film est une allégorie du cinéaste en proie aux doutes et au manque d'inspiration. Claudia Cardinale tient le rôle principal.
Satirycon (1969)pousse encore plus loin le fantastique et l'imaginaire baroque.
Tous les films de Fellini ont été tournés dans les studios mytiques de la Cineccitta, les plus célèbres après Hollywood.Fellini en était devenu l'âme. A sa mort (1993) la Cineccitta est tombée en désuétude.